EXPO PERSONNELLE – LE GESTE DE COUDRE

2018-12-19-Raphael-Lam-Exposition-personnelle-dessins-galerie-autour-de-l-image

Galerie Autour de l’Image – 44 rue Sala 69002 Lyon

Du 30 novembre 2018 au 8 janvier 2019


Ma première exposition personnelle en galerie

Pour ma première exposition personnelle en galerie, j’ai présenté une centaine de dessins à la galerie Autour de l’Image à Lyon. Ils répartis en trois formats correspondant à trois séries, réalisées chronologiquement des plus petits aux plus grands. Ils sont le fruit de ma découverte et de mon exploration de la couture sur mes dessins encrés et peints. Le côté exploratoire de ces travaux est tangible tant par la diversité des coloris que par la variété des formes et des motifs, à la peinture, aux encres et aux fils colorés. Les documents imprimés et la joie de découvrir un nouvel univers esthétique m’ont inspiré cette explosion arborescente. Un ami a dénommé cette période « l’abstraction joyeuse ».


Mes premiers dessins cousus

C’est en effet un an plus tôt que j’ai commencé à coudre des motifs géométriques et à peindre mes bandes croisées et mes formes colorées sur d’anciennes cartes postales. J’en ai eu l’idée en me promenant dans une recyclerie et en pensant au métier de couturière de ma mère. Mon travail se limitait auparavant à des bandes croisées à l’encre et à des formes colorées à la peinture sur bois et sur toile. Je sentais déjà l’influence textile. J’ai fait un grand pas vers le dessin auquel j’accordais peu de valeur, pour devenir l’essentiel de mon travail. L’aspect semi-rigide des cartes postales me facilitait le geste de coudre, à la fois support et fond graphique. Ce fut ma première série de dessins cousus. J’avais aussi de ma mère des reproductions en couleur de tableaux peints par des artistes asiatiques. Je jouais avec pendant mon enfance en Nouvelle-Calédonie.

Mon tout premier dessin cousu

J’en profite pour vous présenter mon tout premier dessin cousu sur une série de 35 premiers dessins sur carte postale. Je continue ponctuellement à travailler sur ce format et ce support littéralement offert par notre société et en cours d’obsolescence. J’ai beaucoup d’affection pour ce dessin. Je l’ai tout de même laisser partir car j’estime que c’est le destin des oeuvres.


Mes premiers dessins cousus sur des pages de livre

Je suis ensuite passé à un format légèrement plus grand, de la taille d’une double page de livre de poche. J’ai trouvé dans une recyclerie des restes de la première encyclopédie de Camille Flammarion. Des définitions et des gravures de la taille de timbres poste sur un fond de vieux papier jauni. Jusqu’à l’arrivée d’Internet j’ai toujours été fasciné par les dictionnaires et encyclopédies. Sans doute parce que mes premiers dicos étaient des dicosaures donnés ou trouvés et que mes parents ne pouvaient pas nous offrir les 24 volumes de l’Encyclopædia Universalis dont je rêvais. J’ai immédiatement voulu travailler sur ce support et ai utilisé toutes les pages afin d’explorer au maximum les possibilités qui m’étaient offertes. Il ne me reste plus que la couverture abîmée et à la reliure détendue, sur laquelle travailler comme je l’ai fait ensuite.


Des dessins cousus au format plus grand

Une fois ces deux premières séries finies, je suis passé à un format encore un peu plus grand. Tel un chat explorant son nouveau territoire et ses possibilités en en agrandissant petit à petit le périmètre. J’ai jeté mon dévolu sur un livre de photographies en noir et blanc de sculptures précolombiennes, trouvé sur les quais de Saône à Lyon près des bouquinistes en plein air. A côté d’une poubelle car ayant pris l’eau et ne pouvant plus être vendu, destiné à la destruction. Quelques pages étaient en couleur, l’occasion aussi de vérifier le rendu graphique de mon esthétique sur un fond déjà coloré.


Texte d’Éric Houser, écrivain, présentant cette exposition personnelle

Le geste de coudre

Parti il y a quelques années d’une abstraction géométrisante (sa géométrie n’est pas rigide, elle délaisse les outils de précision de l’architecte qu’il a été), dans une série qui a décliné le motif vichy, le plus souvent sur un support en bois de format carré, Raphaël Lam a commencé plus récemment une nouvelle série (qui ne chasse pas la première) : récupérant des livres chez les bouquinistes, romans avec seulement du texte ou livres illustrés, il les a avec brio recouverts de « son » motif, qui lui permet de jouer avec le sens des mots, par déplacements et détournements, tout en faisant éclater la couleur par contraste avec le document d’origine, en général en noir et blanc.


La série qu’il présente aujourd’hui est une nouvelle station dans son oeuvre. Débutée en 2018, elle prend appui sur les deux précédentes, elle en cumule les acquis et nous emmène ailleurs. La couture (qui est importante dans la biographie de l’artiste) apparaît et conjugue la géométrie à un autre temps, mémoriel et fragile : aux recouvrements qu’il avait largement explorés (grilles vichy et formes organiques) s’ajoute maintenant une petite structure bidimensionnelle en fil cousu directement sur le papier, qui est comme une sorte de maquette ténue ou de mise en abyme, répétant ou variant un élément du support (photos noir et blanc d’objets d’art précolombien). Par ailleurs, la dimension imaginaire et ludique, le chromatisme subtil et raffiné, se donnent plus encore libre cours, me semble-t-il. Comme si le geste de coudre, pourtant contraint et minutieux, était en fin de compte une libération.

ÉRIC HOUSER

Quelques mots sur ce texte

Je remercie mon ami Éric Houser pour l’écriture de ce beau texte et l’autorisation de le publier sur mon site Internet. J’ai tellement aimé ce texte que je lui ai demandé d’écrire ceux des expositions suivantes en échange de dessins. Ce qu’il a fait à ma plus grande joie. J’ai vraiment l’impression qu’il lit dans mon travail ce que je ne saurais voir. Il a une longueur d’avance. Et il le décrit avec une prose à la touche légèrement technique que j’apprécie particulièrement, de par mon passé technique d’architecte.


Site Internet de la galerie Autour de l’Image

Après avoir lu mon article présentant ma première exposition personnelle en galerie, vous pouvez aussi lire mon profil d’artiste sur le site Internet de la galerie Autour de l’Image, réalisé par le galeriste. Et aussi y lire son texte présentant l’exposition Le geste de coudre.


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